Lutte contre les intégrismes

Référente : Judith – gloriapourpre@gmail.com

Le sujet sera repris en septembre à la Rencontre des Femmes du Bassin méditerranéen à Marseille, avec laquelle le groupe envisage de travailler après le 8 mars. Le cortège fera passer deux messages complémentaires : contre les extrémismes et pour la Laïcité.


Contre les extrêmes droites et les extrémismes religieux

Qui sont-ils ? Que veulent-ils ?

La montée des extrémismes (mouvements politiques d’extrême droite, intégrisme et fondamentalisme religieux) est une réalité partout dans le monde. Tous ces mouvements cheminent ensemble et développent leur discours populiste et totalitaire sur le terrain fertile des crises du capitalisme (crises économique, sociale, écologique, politique et démocratique). Ils exploitent la désespérance de gens terrassés par la pauvreté, la précarité et le chômage, alimentent un discours de retour aux traditions nationales, communautaires, religieuses et érigent en dogme des valeurs de rejet, de haine de l’Autre et de repli sur soi. Ils constituent une menace grave pour les sociétés et ne sauraient représenter une réponse aux crises auxquelles nous faisons face.

Dans ce contexte, l’abandon idéologique des valeurs républicaines (liberté, égalité, solidarité, valeurs prises toutes ensemble) est propice au développement de ces mouvements extrémistes et aux idées les plus rétrogrades. De plus, un climat de confusion est entretenu autour de ces valeurs, sous l’effet conjugué de l’individualisme et des communautarismes.

En France, l’extrême droite est composée de groupes et d’individus qui se nourrissent les uns les autres et convergent avec les idées du Front national. Nous les voyons battre le pavé ensemble pour contrecarrer les avancées sociétales : la manif pour tous, les journées de retrait de l’école, SOS Tout petits, les commandos anti-IVG. Leurs actions rejoignent les extrémismes religieux chrétien, islamique ou judaïque. Ces mouvements veulent nous imposer un cadre moral et social avec les mêmes objectifs : négation de l’égalité des sexes et de l’autonomie des femmes, attaques des droits acquis par les luttes féministes.

De plus, le discours du Front national qui instrumentalise et dévoie la laïcité est une perversion du principe même de celle-ci. Car, en France, la laïcité est une création historique et sociopolitique qui résulte des luttes démocratiques contre la domination de l’Église catholique et pour l’affirmation des principes républicains.

Quels sont leurs alliés ?

Partout les politiques néolibérales sont à l’œuvre et ont besoin d’alliés objectifs : elles impliquent de remplacer le principe de solidarité des services publics et de la protection sociale par l’appel au secteur privé à but lucratif ou à la charité des communautés. Par l’intermédiaire du champ social, elles leur ouvrent un boulevard dans le champ idéologique.

L’intensification des politiques publiques d’austérité, qu’elles soient européennes ou nationales, assomme les citoyennes et les citoyens et creuse les inégalités.

Quelles conséquences pour les femmes ?

Les femmes sont les premières touchées par la casse ou l’abandon des services publics, par exemple avec les restructurations hospitalières, la diminution des dépenses publiques pour l’éducation, la privatisation rampante de la protection sociale, l’insuffisance des services d’accueil de la petite enfance, etc.

Plus grave encore, les femmes sont particulièrement visées par les propositions du Front national : que ce soient les attaques directes sur leurs droits fondamentaux (contraception, droit à l’IVG, égalité salariale ) ou les mesures visant à leur retour à la maison et à l’instauration d’un salaire familial.

Les féministes sont confrontées à des responsables politiques, des intellectuel(le)s qui s’enlisent dans le relativisme culturel et refusent de séparer le religieux d’avec le social et le politique. Oui, il faut respecter les cultures, mais certaines pratiques ou traditions font obstacle aux droits fondamentaux des femmes en s’opposant au principe de l’universalité des droits. Le droit à la différence ne doit pas devenir la différence des droits !

A l’international, plus encore, l’offensive guerrière de groupes ou sectes islamistes (Boko Haram, Daesh, les Chebab, al Qaida…), et même d’États, font des femmes les premières victimes d’actes de barbarie tels que des meurtres, des viols ou des enlèvements. C’est pourquoi nous devons réaffirmer notre solidarité envers les femmes qui se battent pour la liberté, la dignité humaine, la mise en place d’États de droit.

Quelles réponses veut apporter la Marche mondiale des femmes ?

  • Défendre la laïcité comme espace commun à toutes et tous pour vivre ensemble, quelles que soient nos croyances ou nos incroyances. En ce sens, elle n’est pas antireligieuse, la loi de 1905 permet la liberté de tous les cultes. Par la séparation du politique et du religieux, elle fait rempart contre l’incursion des « préceptes divins» dans les lois et les institutions, comme les extrémismes religieux voudraient l’imposer.
  • Le combat pour la laïcité continue aujourd’hui et demain. Il n’est pas seulement lutte pour la liberté d’expression mais aussi réaffirmation de la liberté de conscience, de l’égalité des droits quelles que soient nos convictions personnelles, et de l’universalité des droits humains. D’ailleurs, la laïcité n’est pas une valeur de référence seulement française, des constitutions de type laïque ont été récemment adoptées par la Suède et la Bolivie…
  • Dynamiser et fédérer nos solidarités pour montrer qu’un autre monde est possible et que nous le construisons. L’égalité entre les sexes, l’égalité devant la loi, imposent de prendre toutes les mesures appropriées, y compris des dispositions législatives, pour abroger tous les textes, les coutumes ou pratiques qui constituent une discrimination ou une violence contre les femmes.
  • Lutter pour la défense de nos acquis, l’application des lois existantes et l’obtention de nouveaux droits en faveur de l’égalité des sexes et agir sur les représentations collectives qui sont au fondement du patriarcat : en priorité par une éducation non sexiste, civique et laïque.
  • Construire un rapport de force pour refonder un projet de transformation sociale alternatif au patriarcat et au capitalisme. Insuffler au mouvement social l’esprit révolutionnaire du féminisme.

3 réflexions sur “Lutte contre les intégrismes

  1. Bravo et merci pour ces initiatives. Il me semble cependant qu’il faudrait veiller à ne pas être trop extrême (justement) dans la manière de manifester. Je crains par exemple que la symbolique de l’homme voilé ou aux yeux bandés ne soit pas du tout comprise ou provoque de l’agacement chez les hommes (parce qu’elle désigne implicitement ceux-ci comme des coupables au lieu d’attirer la sympathie sur les femmes). De même les « actions visuelles » du genre de celles entreprises par les Femen ont globalement desservi la cause des femmes auprès du public. Finalement, la sobriété et la solennité, telles que celles qui régnaient lors de la manif en l’honneur de Charlie Hebdo, appuyées de quelques chiffres qui parlent d’eux-mêmes, me paraitraient plus émouvantes et plus fortes …

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